DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN GENERAL ET EN PARTICULIER

LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN GENERAL ET EN PARTICULIER

Hervé Thiébaut

Né en 1960, à Paris

Licence en droit, DEA de sociologie politique, recherche doctorale en science politique

Chargé de cours et Travaux Dirigés

Chercheur en sciences sociales,chargé d’études Formateur,directeur de Centre de formation Consultant
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Dès la fin de mes études secondaires en 1978, j’éprouve le besoin d’aller « au contact » du monde du travail, par réaction à l’environnement socioculturel de l’enseignement qui ne me suffit pas.

Entre deux années d’études, j’interviens ainsi dans différents milieux professionnels. Très jeune, je travaille à deux reprises en Allemagne.

Présent à « Science Po » Paris, puis au Panthéon-Sorbonne et enfin à la Sorbonne, au cœur du quartier Latin…, j’éprouve une réelle satisfaction à côtoyer par ailleurs des populations très différentes.

Etudiant, je suis particulièrement marqué par l’ouvrage « Le métier de sociologue » et la question du rapport que le chercheur en sciences sociales entretient avec son objet d’étude, question qui ne me quittera pas.

Sur le plan théorique, j’ai la chance d’avoir des enseignants chercheurs qui représentent les deux écoles françaises : celle de l’individualisme méthodologique (Max Weber, Raymond Boudon) et celle de la sociologie holistique (Emile Durkheim, Pierre Bourdieu).

Tous publient et font une brillante carrière en science politique : Pierre Birnbaum, Bertrand Badie, Jacques Lagroye, Michel Offerlé, Daniel Gaxie, Dominique Damamme,…

Je côtoie en particulier Guy Birenbaum (universitaire, éditeur et chroniqueur) et Bastien François (professeur agrégé de science politique). Stéphane Fouks (futur « Euro RSCG ») est aussi parmi nous.

La revue Politix qui fait aujourd’hui autorité, est créée par de jeunes chercheurs en science politique, soit de ma promotion, soit que je fréquente.

Pour mon DEA, je commence à pratiquer les méthodes qualitatives d’investigation : entretiens semi-directifs et ethnographie. Je suis présent sur le site de Garonor (région parisienne) et je pars avec des chauffeurs-routiers.

Suite à la soutenance de mon mémoire, je renonce à une proposition de thèse de doctorat faite à Paris et je choisis un mode de vie désenclavé : je quitte Paris et je pars m’installer à Amiens. Je travaille sur une thèse de doctorat consacrée aux classes populaires. Je privilégie l’observation en situation, « le » qualitatif.

Je suis intéressé par « l’infiniment petit » dont la compréhension aide à saisir le monde.

A ce sujet, je publie un article en 1992, sur les significations sociales et politiques d’un autocollant sur les véhicules, à partir de son unique emplacement…

Jeune intellectuel, je choisis d’avoir une vie familiale.

Durant plusieurs années, je bénéficie de l’appui de la Recherche instituée mais mon parcours m’empêche au bout du compte toute carrière académique.

Jusqu’en 2002, j’ai une activité d’enseignant, à l’Université et au CNAM.

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En 1993, j’interviens dans le secteur de la formation professionnelle pour la première fois.

Depuis cette date, je suis intervenu dans cinq régions comme formateur, responsable d’un centre de ressources multimédia puis directeur de centre de formation.



J’ai travaillé dans des centres de formation de taille diverse, aux caractéristiques différentes, auprès de publics d’apprenants hétérogènes.

Sur le terrain j’ai contribué à satisfaire plusieurs enjeux de la formation professionnelle, parmi lesquels :

Améliorer la pédagogie de l’alternance et de l’apprentissage,

Renouveler les outils de formation (bâtiments, équipements, procédures, pratiques,…),

Développer une action plus efficace (qualification des salariés, gestion des ressources financières publiques et privées, besoins des entreprises).

J’ai régulièrement mobilisé l’approche scientifique (Gaston Bachelard) et le goût de l’observation et de l’analyse.

Par habitude au début, par instinct de… survie parfois, par conviction… toujours plus !

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Ma démarche initiale a produit un parcours de vie, au bout du compte.

Elle m’invite aujourd’hui à participer plus encore à la réflexion et à l’action.

Fin 2010, je décide de prendre la plume et de communiquer.

L’objet de cette publication est de vous proposer des interventions ayant pour thème la formation

professionnelle, qui sont le fruit d’un parcours singulier.

Ces interventions sont portées par trois propositions principales :

Le secteur de la formation professionnelle constitue une réalité sociale particulièrement riche, qui mérite plus encore que l’on s‘appuie sur les acteurs,les pratiques et les environnements concrets.

D’une plus grande observation et d’une meilleure analyse de cette réalité, il est possible de produire de précieux outils d’aide à la décision, à l’attention des décideurs publics et privés.

L’appréhension plus rigoureuse des pesanteurs du monde social autorise une portée plus grande des politiques de formation d’une part, des actions individuelles dans le secteur de la formation d’autre part.

J’émets le souhait que le lecteur y puisera de l’intérêt et que mon initiative suscitera de l’envie, des réactions et de nouvelles intentions !



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- S o m m a i r e -

- La formation fait partie du monde social, p. 3

- Parcours professionnel et exercice du métier de formateur, p. 4

- Formation et arts martiaux. Culture générale et formation professionnelle, p. 9

- L’apprentissage n’est pas uniquement un dispositif de formation…, p. 12

- 25% des apprentis ne vont pas au bout de leur cursus, p. 14

- Projet d’entreprise, avenir de la formation pour adultes…, p. 16

- La formation aux emplois verts et environnementaux : une inquiétude passagère ? p. 17



Faites un geste pour la planète et n’imprimez que si nécessaire !



La formation fait partie du monde social…

Intervention publiée sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », janvier 2011


Il est parfois intéressant de réfléchir sur ses "façons de faire" au moment du face-à- face pédagogique et de s'interroger sur ses propres pratiques qui sont porteuses de sens…

Le formateur est un être social (dans le langage
sociologique on parle « d’agent social ») qui traduit dans ses attitudes et ses comportements la présence de valeurs (« un système de valeurs
»), d’autant plus aisément qu’il n’est pas conscient de cela.

Une anecdote à ce sujet

Etudiant en D.E.A. à la fin de l’année « n », je suis devenu chargé de travaux dirigés (TD), au tout début de l’année « n + 1 ».

Lors de ma première intervention, je cherche ma salle, je la trouve et je rentre dans la pièce où... une trentaine d’étudiants de première année m’attendait pour un enseignement de droit constitutionnel !

Un bref instant, j’hésite : dois-je aller m’installer du côté des étudiants ou dois-je aller vers… l’estrade ?

J’ai mes fiches de TD sous le bras, je me reprends aussitôt et je m’installe à mon bureau où je surplombe mon auditoire.

« Le cercle des poètes disparus », quand on n’a pas 26 ans et que l’on démarre dans le métier, ça n’était pas possible…

Le choc était violent.

J’ai... instinctivement adopté l'attitude de l’enseignant, de celui qui sait et qui est là pour transmettre son savoir.

Ce jour là, la préparation de la séance et la relation de pouvoir instaurée avec mes étudiants m’ont sauvé…

Autant vous dire que ces derniers étaient là pour apprendre et pour travailler. Quelques questions animaient cette relation. Au mieux…

Ce fut une bonne séance de « renforcement positif » et d’estime de soi…

C’était il y a… 25 ans.

L’année dernière, j’interviens dans une école privée auprès d’étudiants préparant un master. L’estrade en bois n’est plus là... Pour le reste, c’est exactement la même situation.

Cette fois-ci cependant, je m’interroge explicitement sur mon rôle, ma position et la relation qu’il existe avec les étudiants.

Cela me perturbe plus. Tant mieux !

Entre temps, je suis intervenu dans des centres de formation professionnelle et auprès d’adultes : j’ai découvert la pédagogie active, l’individualisation, la dynamique de groupe.

J’ai mis des tables en « U »… J’ai occupé l’espace et quitté (souvent) mon bureau… je suis allé vers les apprenants… J’ai multiplié les occasions d’être à côté d’eux… parfois même je me suis effacé ! J’étais derrière eux…

Le « serious game » n’existait pas encore… J’utilisais les « jeux de rôles », les « études de cas », les « résolutions de problème »…

Mais le contexte général, l’organisation et le fonctionnement du centre, la gestion et l’utilisation de l’espace, les comportements de mes « collègues », les mots courants qui reviennent sans cesse (« cours », « professeurs », « notes », « examens »,…), tout ramenait à une relation à l’Institution inchangée.



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Il faut penser plus encore « la relation à la formation » et y intégrer la dimension culturelle et sociale, en connaissance de cause….

…quand on forme,

…quand on travaille sur un projet d’établissement (un « campus » ou une « faculté des métiers » par exemple),


…quand on prépare son « contrat de qualité » (CFA),

…quand on définit son plan de formation, …quand on élabore sa brochure et son offre de formation (organismes privés notamment)

…quand on reprend à son compte, des notions aussi chargées et aussi prometteuses que « projet professionnel, parcours de formation »,
« formation tout au long de la vie », « validation des acquis de l’expérience » ou « l’apprenant acteur de sa formation ».

Mais... Ce n'est pas suffisant !

Il faut aussi maîtriser son environnement, évaluer le degré de changement possible (ou du moins savoir qu'il existe...), gérer sa position de pouvoir et ses relations avec les autres,...

Et… Même avec cela, il est important de rester humble, lucide, réaliste.

Les lois du monde social (les pesanteurs de la vie réelle) sont fortes, très fortes…

Au bout du compte... C'est la meilleure façon que j'ai trouvée... d'avancer !

Pourquoi s'en priver ?


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A propos de cette intervention…

- « Comment ne pas aller dans votre sens ?

J'apprécie beaucoup l'accent que vous mettez sur le triptyque "humilité, lucidité, réalisme" même si je pense que parallèlement nous devons aussi garder notre aptitude à nous enthousiasmer, à croire en notre message, à jouer le rôle de naïf... L'éternelle dichotomie du formateur... » Consultant formateur

- « Monsieur THIEBAUT, Complètement d'accord avec vous ! » Consultant, analyse de besoins et accompagnement de projets - Evaluation et prospective des territoires

- « eh bien oui, votre expérience souligne le bon sens... qui manque le plus souvent dans nombre d'entreprises. Rien de moins rien de plus. Bien à vous » Gérant

- « Merci Hervé pour votre témoignage aussi intéressant que riche d'enseignement sur l'être humain, les schémas qui président à certaines relations ("prof"/Formateur - "élèves"/Participants à une formation) et la nécessaire et louable remise en question personnelle qui invite à s'interroger sur ses pratiques pour les améliorer et avancer ! » Consultant expert en réseaux sociaux

- « Merci pour cet article qui a l'élégance de nous exprimer combien il est important pour un formateur de
'former' et non de 'formater'. Votre remise en question tout au long de votre cheminement fait preuve de lucidité et d'humilité effectivement mais également à mon sens d'un grand sens de l'écoute et de l'adaptation. Merci pour ce partage. » Consultante Manager Asset Management BFI, Conseil

- « Merci M. THIEBAUT pour ce bel article ! Je crois que tout intervenant qui a compris que son rôle de "pédagogue" se situait avant tout dans le champ social, ne peut qu'adhérer à votre écrit, d'autant que le style narratif nous plonge au cœur de l'action. On s'y croirait ! » Responsable Ingénierie et Développement de la Formation Professionnelle


Parcours professionnel et exercice du métier de formateur

Je vous propose de lire le texte du débat que j’ai eu sur
Viadeo avec un formateur en sûreté-sécurité, en janvier 2011.

La question sous-jacente porte sur le profil professionnel des intervenants pédagogiques en matière de formation.


Hervé Thiébaut : Frédéric, à vous l’honneur…

Frédéric A. : d’accord ! J’ouvre le débat très simplement. Selon vous, un passé militaire peut-il mieux servir un formateur de sûreté-sécurité ?

Hervé Thiébaut : Je voudrais en tout premier lieu préciser que mon commentaire est celui d'un néophyte sur le sujet... Dans mon parcours professionnel je n’ai pas de passé militaire et je ne suis jamais intervenu dans le secteur de la sûreté et de la sécurité privée.

Il me semble que l'appui des fondamentaux du métier dans le secteur de la formation est indispensable....étant entendu que trop souvent c'est malheureusement l'occasion de "verrouiller" la réflexion.

Par rapport à un référentiel métier "agent de sûreté et de sécurité", quels sont les objectifs de formation qu'il faut atteindre en vue de l'obtention d'une qualification professionnelle ?

Compte tenu de ces objectifs, il y a plusieurs questions auxquelles il faut répondre :

- Quels indicateurs de réussite ?

-Quel(s) programme(s) de formation ?

- Quelle durée et quel(s) parcours de formation ?

- Quelles modalités pratiques de la formation ?

- .../...

En conséquence, le profil en soi des intervenants pédagogiques ne peut pas être défini a priori.

Pas plus celui d'un ancien militaire que celui d'une personne qui ne viendrait ni de l'armée, ni de la sécurité...

Il s'agit d'un choix éventuel qui intervient dans un second temps et qui peut, qui plus est, se justifier par un motif qui n'est pas pédagogique.

Frédéric A. : Ma question est un peu plus spécialisée au regard des agents de sécurité.

- La durée de formation est définie, là n'est pas le problème. Les programmes sont très structurés, connus et standardisés si j'ose dire.

- Bref, ce qui est moins évident, c'est de tenir en place une équipe de 14 personnes (au maximum), pendant 2 semaines, surtout lorsqu'il existe des disparités dans le groupe et où la formation demande parfois une certaine autorité sans en arriver bien entendu à la brimade (ce n'est pas l'armée mais le métier demande une certaine tenue).

- Pour la profession, il est souvent courant de contenir certains agents (heureusement une minorité) qui pensent tout connaître parce qu'ils ont une expérience terrain et s'amusent à interrompre les cours (donc retard pour le groupe) pour se mettre en valeur. Classique. C'est sur ce point particulier que je voulais voir débattre, en partie là où l'expérience de l'autorité pourrait avoir un intérêt, c'est à dire se faire respecter par le groupe (le fameux respect mutuel).

- Il est bien évident que le monde de la sécurité où existe des caractères forts n'est pas le même qu'un enseignement de sténo dactylo…

Hervé Thiébaut : Vos précisions étaient effectivement utiles car elles me permettent de mieux saisir la question que vous posez.

Vous faites précisément allusion aux modalités pratiques de la formation: profils des "apprenants",organisation de la formation, animation et gestion des groupes, méthode(s) pédagogique(s) utilisée(s),...

Sans parler de formation professionnelle continue, de nombreux enseignants et formateurs en France sont confrontés à la situation que vous évoquez.

Songez à titre d’illustration aux échanges réguliers qui ont lieu dans les « salles des enseignants » ou les « salles des professeurs ».

Cette situation se retrouve aussi dans la formation pour adultes : le fait d’être confronté(s) à un stagiaire qui sait mieux que l’intervenant(e), qui a réponse à tout et qui perturbe un groupe parce qu’il a l’impression de ne rien apprendre, n’est pas exceptionnel.



Si votre question est : comment tenir un groupe (ou certains éléments) dans un environnement de formation qui n'a pas été pensé par rapport aux caractéristiques de ce groupe (ou de ces éléments), parce qu'on doit leur proposer telle ou telle formation prédéfinie (durée, lieu, type de face-à-face,…), vous risquez de limiter la portée professionnelle des interventions des formateurs.

De plus, le travail en amont de la formation auprès de chaque personne existe-t-il ?

Y a t-il un projet professionnel bien identifié ? Quelle est la motivation exprimée ? Quel est le parcours professionnel ? Aujourd’hui, l’inscription à un stage de formation ne suffit plus…

Trop de stagiaires intègrent des sessions de formation alors que le processus de « démarrage
» reste un processus essentiellement administratif et financier.

Il faut par ailleurs mettre l’accent sur un point essentiel: la formation pédagogique et l’expérience pédagogique des formateurs pour encadrer les agents de sécurité.

Ainsi un problème « social », c’est-à-dire la gestion d’un groupe difficile (ou d’éléments difficiles d’un groupe), renvoie l’intervenant pédagogique et la structure de formation dans laquelle il intervient à leurs propres pratiques.

Ces pratiques sont le fruit de réflexions et de valeurs dont on peut ne pas (ou ne plus) avoir conscience. Il faut par conséquent rester vigilant et revenir sur la logique de ces pratiques pour rebondir dans un second temps.

Si dans certains cas, rebondir signifie :

"je sais que mes interventions au sein du groupe auront une portée limitée pour telle(s) et telle(s) raison(s) et je vais par conséquent faire au mieux parce que je ne peux pas intervenir sur tout",

c'est alors plus pertinent que de revenir une nouvelle fois sur ces stagiaires "qui ne comprennent rien" ou avec lesquels on entretient régulièrement une relation conflictuelle.

Face aux agents de sécurité récalcitrants, hostiles, pénibles,… qu’un formateur rencontre dans le face-à-face pédagogique, c’est d’abord une question de cadre général et de ressources pédagogiques et de formation dont il est question.

Mais puisqu'il y a débats, il y a... contradiction. Tant mieux !
Frédéric A. : Effectivement, il existe des "fortes têtes" comme partout d'ailleurs, mais c'est plus
flagrant dans notre métier qui reste une profession où la "stature" de l'agent de sécurité joue un rôle important (autant pour un personnel féminin que masculin d'ailleurs) dans ses futures fonctions.

Hormis, les cours qui sont en principe, les mêmes dans tous les centres de formation, la structure d'accueil prévue reste en général aux normes.

Là où je diverge, c'est à propos de démarrage que vous évoquez et qui pour ma part, n'est pas un processus essentiellement administratif et financier.

Je ne gère, en ce qui me concerne, ni la question financière ni la question administrative, cela se fait en amont.

Pour une catégorie de personnel, la formation d'agent de sécurité est imposée par Pôle Emploi qui replace les demandeurs d'emploi dans des formations disponibles (ASSP). C'est ça ou la radiation !

Ainsi, cela permet de diminuer les statistiques pour servir le taux de chômage en France. Ce n'est pas un scoop, c'est bien connu, un personnel en formation ne fait plus partie des demandeurs d'emploi. Le "Pôleur" n'a quelquefois pas le choix ; il saute sur le stage qui le fait rêver ou bien Pôle Emploi décide pour lui : Ce n'est donc pas forcément une vocation.

La formation d'APS intervient alors dans un cadre différent entre le stage souhaité et la formation imposée. Bien que tous les personnels passent devant des psychologues pour intégrer le métier particulier d'APS, rien ne dit alors que les débouchés seront à la hauteur de ses souhaits.

C'est là que le facteur social et philosophique intervient, le savoir s'impliquer aussi doit se faire des 2 côtés.

Vous ne pouvez pas savoir si votre cours va plaire à des personnels plus ou moins réceptifs. Le diplôme n'est pas donné, il est mérité, du moins, je l'espère.

Cette petite mise au point en aparté, on revient donc à la question phare "le passé militaire peut-il mieux servir un formateur en sûreté-sécurité ?"

Parce qu'à mon humble avis, lorsqu'il y avait encore le service militaire qui a fondu comme peau de chagrin, puis disparu complètement (une erreur à mes yeux, mais cela n'engage que moi), on voyait des personnes de tous bords, de tous horizons, de toutes confessions, bref un éventail de la population française, se mettre au standard par des méthodes plus ou moins efficaces, certes, mais ça marchait tout de même assez bien.

Tout le monde était dans le rang,pas de différence de quelque sorte et la méthodologie (critiquée ou non)avait un certain retour (résultats), que l'on aime ou qu'on n'aime pas.

Je ne voudrais pas non plus dériver sur la nécessité de remettre tout cela en place, ce n'est pas le sujet, mais d'adapter des formations dans



le contexte social actuel, vis à vis de notre profession.

Et j'en reviens toujours à ma question qui fait débat et sans doute contradiction… Et tant mieux !

Hervé Thiébaut : Votre rappel très intéressant du rôle de Pôle Emploi est édifiant.

Le processus de formation ne commence pas au moment où vous intervenez et le formateur du même coup n'est pas le seul acteur.

Si la question n'en est pas une, à savoir : il faut en fait "mettre" des militaires dans ces formations car cela marchera mieux.

Je pense que les qualités humaines, sociales et professionnelles d'un militaire, dans l'animation d'un groupe en particulier, peuvent apporter des résultats pédagogiques positifs.

...outre le fait que le respect et la discipline seront plus présents.

Mais je ne peux pas conclure qu'un profil autre avec un contexte de formation mieux structuré (organisation et formation, avant, pendant et après la formation), pour les formations d'agent de sécurité et de sûreté, je ne peux pas conclure qu'un tel profil n'apportera pas une contribution pertinente.

Frédéric A. : J'aime bien échanger avec vous sur des débats animés et contradictoires, franchement, c'est très intéressant !

Concernant le rôle de Pôle Emploi, ce n'est pas moi qui l'avance mais les demandeurs d'emploi que j'ai parfois en formation. Je suppose qu'au vu des différents groupes, ils ne peuvent pas l'avoir inventé ou alors j'ai mal entendu.

Cependant, je n'ai pas avancé que les ex- militaires pouvaient mieux servir ou mieux former, mais avaient peut-être des dispositions pour tenir un groupe multiculturel avec des caractères forts, ce n'est pas une affirmation mais un regard avec un arrêt sur image.

Je n'ai pas dit non plus que les ex-non-militaires ne faisaient pas aussi bien ! Il y a des formateurs civils qui n'ont jamais mis un uniforme et qui obtiennent autant de résultats (excellents pour certains) !

Comme le métier est assez particulier et demande une grande rigueur, une tenue vestimentaire (pas militaire, mais proche parfois), le cadre est aussi créé pour "formater" les mentalités disparates, cela fait partie d'un tout.

Il ne faut pas oublier que tous les personnels formés à ce métier vont travailler sur (ou proche de) la voie publique, qu'ils devront se sensibiliser à faire un travail sérieux et sérieusement. Comment voulez-vous "tenir" ou faire exercer une profession à quelqu'un qui confond un métier spécialisé à un job ?

Hervé Thiébaut : je pense que nous sommes passés désormais du débat contradictoire... à un échange de points de vue complémentaires.

Pour ce qui me concerne, j'ai épuisé... mes cartouches !

Frédéric A. : Je partage entièrement votre avis, nos avis sont bien complémentaires mais nous avons aussi bien avancé dans le débat.

En ce qui me concerne, je ne suis pas « armé » !


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Ils ont aussi participé au débat…

« Etant moi même ancien militaire, je crois pouvoir dire que nous avons été amenés à faire de l'instruction dans le milieu militaire et que notre pédagogie est différente, car dans ce milieu, nous sommes souvent amenés à gérer des individus de milieux sociaux et de niveaux intellectuels différents.

Dans une même assemblée, il faut nous nous adapter constamment, de façon à intéresser les plus faibles
(sans négliger les autres) voire se désintéresser des plus forts.

L'esprit de cohésion du groupe est primordial pour garder une certaine rigueur, ainsi qu'une discipline, du respect qui reste d'ailleurs particulièrement adapté au métier de la sécurité privée.

Bien que n'ayant pas la prétention de dire que les anciens militaires seraient les meilleurs formateurs, loin de là, mon avis est que cela apporterait sans doute un plus. » Patrick D., agent de sûreté et de sécurité privée

« Bon pour apporter un petit témoignage, je pense que le passé militaire n'est pas, loin de là, indispensable.

Effectivement, le passé militaire apporte quelques qualités humaines intéressantes, mais un chef sécurité avec quelques années d'expérience aura sans doute une très bonne approche de l'humain par son expérience professionnelle.

En outre, quels sont les avantages d'un militaire :

- rigueur

- compétences pédagogiques (à transposer au civil)

- savoir-faire de base (rondes, contrôle d'accès, etc.

Mais que sait-il de la loi 83-629, de l'aspect de communication avec les clients, du droit d'interpellation, etc. ?

Bien peu de chose à mon avis.

En revanche, celui qui a exercé plusieurs années dans la sécurité privée dispose de ses connaissances
"métiers", de cette expérience "du terrain", des exemples à foison.

Mais il lui manque parfois la technique pédagogique, "l'envie" de faire des cours.

En synthèse, je dirais donc que les deux profils (civil et militaire) se défendent, avec leurs avantages et inconvénients et qu'il n'y a pas forcément de "bon profil", mais plutôt de "bonnes personnes".

Et pour répondre directement à la question, NON, un passé militaire ne sert pas forcément pour être formateur en sûreté-sécurité », Eric D., formateur en sécurité privée et ancien militaire

« Pour des transferts de pratiques professionnelles possibles du milieu militaire vers le milieu civil basés sur de l’apprentissage, voici mes quelques réflexions.

Pour les appelés qui ont souhaité au cours de leur service national faire de l’encadrement d’équipes, ils ont bénéficié de méthodes militaires issues soit du Peg-Peso (peloton des élèves gradés ou peloton des élèves sous-officiers) soit d’une école d’application pour les élèves officiers. Durant leur service, ils étaient aussi « coachés » par les militaires d’actives. En parallèle de cela, il y avait aussi l’environnement des activités quotidiennes à prendre en compte.

- les gardes, les semaines de service, les missions terrains qui nécessitaient de nombreux week-ends « bloqués » et qui peuvent faire référence aujourd’hui aux nombreuses réflexions et questions qui se posent concernant le travail de nuit ou en week-end, en entreprise ou dans l’industrie (gestion des équipes, repos dit de récupération ou compensateur…).

- les aspects sanitaires systématiques lors des incorporations avec les jeunes appelés.

- les activités spécifiques de chaque régiment. De mon côté cela a été un environnement d’instruction où la spécificité du régiment était dédiée aux travaux publics, à la sûreté-sécurité (pompiers) avec passage de permis B, lourds, super-lourds. Des diplômes techniques de certification technique (niveaux Bac pro, BTS-DUT) étaient également préparés.

Il me semble que des pratiques du tutorat et de l’apprentissage peuvent faire référence à l’environnement militaire. Instructeur, contingent 86/10 (service national), 31ème régiment du génie, Castelsarrasin », Christophe V., Consultant Formateur autonome


Formation et arts martiaux. Culture générale et formation professionnelle

Interventions publiées sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », janvier 2011

Jean-Yves L’Anton est rédacteur (journaliste) au sein de l'Association territoriale d'information « ASSPRO », structure spécialisée dans l'information sur l'emploi, la formation, l'insertion et la création d'entreprise. Cette association anime deux sites Internet : http://www.agence-asspro.org et www.portail-formation.fr

Jean-Michel Kellern est responsable technique au Centre Technique de Formation Ouverte et A Distance (CNFPT – INSET de Nancy)


Hervé Thiébaut : Jean- Yves, présentez-nous s’il vous plait,le dispositif mis en place par PROMEO.

Jean-Yves L’Anton : Après 5 ans d’expérimentation, PROMEO présente son programme « les ceintures de comportement». La rigueur des arts martiaux est utilisée pour former les apprentis au "savoir-être".

Dire bonjour, merci, arriver à l’heure, être persévérant dans son travail sont des qualités appréciées chez des jeunes en apprentissage.

C’est pour répondre à la demande des entreprises que PROMEO, établissement de formation professionnelle de l'Association pour la Formation Professionnelle dans l'industrie (AFPI) a mis en place, il y a cinq ans, une approche inédite : « les ceintures de comportement ».

L’autoévaluation pour apprendre la politesse « Les ceintures de comportement », c’est un passage de grade basé sur l’autoévaluation.

En six phases (pour 6 couleurs de ceintures différentes) les élèves apprennent les règles du savoir-vivre en entreprise. Comme au judo, un code couleur évalue le comportement des apprentis. Une ceinture jaune pour le niveau le moins élevé et une ceinture noire pour le grade le plus haut. Chaque trimestre, l’élève en alternance se voit décerner ou non une ceinture du niveau supérieur.

Un jury composé de professionnels et représentants d’entreprises, mesure les évolutions de chaque apprenti.

« C’est très positif de suivre l’apprenti tout au long de sa formation et de mesurer les progrès réalisés. Nous vérifions si l’apprenti est intégré dans l’entreprise et pourquoi pas ? Envisager une embauche », explique Jean Claude BAIL de l’entreprise CAPM Europe, tuteur d’un étudiant en apprentissage.

Les critères d’évaluation reposent sur le comportement au travail.

Pour accéder au passage de grade,le comportement de l’élève se doit d’être exemplaire. Celui-ci doit répondre,par un système d’auto-évaluation, à 6 critères précis différents selon la ceinture visée.

L’objectif est de développer les notions de tutorat,responsabilité, exemplarité, communication et valorisation. Les questions posées à l’élève sont simples : « ai-je été à l’heure ces 3 derniers mois ? », « ai-je respecté les délais fixés pour réaliser le travail demandé ?»,« me suis-je facilement adapté aux changements ? », « ai-je agi dans l’intérêt de mon groupe ? ».

Si celui-ci ne parvient pas à répondre à l’une des interrogations, l’obtention de la ceinture du niveau supérieure lui sera refusée.

C’est ainsi que l’élève développe lui-même une rigueur professionnelle. Inversement, de nombreux jeunes sont parfois si exigeants avec eux-mêmes que c’est le jury qui leur montre les progrès réalisés et leur octroie la ceinture escomptée.

« Au début, j’ai été déstabilisé par le concept. Mais il est vrai que ce système d’autoévaluation a porté ses fruits. Je suis bien plus rigoureux qu’avant » indique Frédérique Lemaire, qui a bénéficié du programme des ceintures de comportement lors de son BEP et qui aujourd’hui est apprenti en bac électrotechnique.

Un cercle vertueux pour lui et pour ceux qui l’entourent.

Les ceintures de comportement créent une spirale positive.
Tout d’abord, chez les parents et les familles. Ceux-ci sont rassurés de confier leur enfant à un Institut qui donne une formation humaine à leur
protégé.

Ensuite, les formateurs et les entreprises.


Les ceintures ont aussi un rôle bénéfique pour les apprentis entre eux. Ceux-ci peuvent s’auto évaluer et se motiver à suivre un comportement approprié au monde de l’entreprise.

Bref, les ceintures de comportement permettent de retrouver le B.A. BA du management.

Du côté de l’apprenti, on constate une certaine fierté lors de la remise des diplômes annuels lorsque les « ceintures noires » sont mises à l’honneur.

Une fois la formation terminée, l’élève arrive sur le marché du travail avec deux diplômes en poche : un diplôme d’apprentissage et un diplôme comportemental. Un gage de fiabilité pour l’entreprise qui sait qu’elle pourra trouver chez un jeune âgé de 17 ou 18 ans du sérieux et de la rigueur.

S’adapter au changement de la société

Concevoir ce programme, était une priorité pour PROMEO. « Ce programme est appliqué depuis cinq ans, et nous pouvons d’ores et déjà dire qu’il est un plus pour l’intégration des apprentis dans le monde du travail. Les ceintures de comportement favorisent la motivation des jeunes et diminuent les départs en cours de formation. Elles favorisent l’employabilité dans l’entreprise » ajoute Dominique Jacquemain, Directeur Alternance.

La méthode a fait ses preuves et c’est l’apprentissage qui en ressort gagnant, avec un intérêt pour cette formation toujours plus grandissant.

Cette année, PROMEO Formation affiche un taux de réussite aux examens de plus de 91% (contre 93% l’année dernière). Le taux de placement s’élève à 93% six mois après l’obtention du diplôme.

Dénicher des postes & former des apprentis qualifiés

Avec plus de 15 000 salariés et demandeurs d’emplois en formation et 2000 jeunes en alternance, PROMEO est un observateur de l’évolution du marché de l’emploi en milieu industriel.

Le centre joue le rôle de trait d’union entre des entreprises en quête de profils motivés et des demandeurs d’emplois qui ont des difficultés à identifier ces sociétés.

PROMEO est membre du réseau de formation de l’UIMM (Union des Industries et métiers de la métallurgie) intégrant les AFPI (Associations de Formation Professionnelle de l’Industrie) et les CFAI (Centre de Formation d’Apprentis de l’Industrie).

Les ceintures de comportement :

•Ceinture jaune --- L’apprenti maîtrise : la politesse, la ponctualité, le respect des délais fixés

•Ceinture orange --- L’apprenti maîtrise : l’écoute, la tenue vestimentaire, l’autocritique

•Ceinture bleue --- L’apprenti maîtrise : l’adaptation au changement, la gestion du temps, l’altruisme

•Ceinture noire --- L’apprenti maîtrise :son langage (professionnel), son autonomie, son ambition professionnelle

Jean-Michel Kellern: Apprendre à s'incliner, c'est indispensable,à condition toutefois de savoir aussi se redresser quand c'est nécessaire.

Il manque une dimension fondamentale à cette formation comportementale pour éviter qu'elle ne se résume à un apprentissage de la soumission à l'autorité du management sous prétexte d'employabilité, ce qui est rapidement porteur d'insatisfaction profonde... et contre-productif in fine.

L'apprenti maîtrise : les points vitaux du droit du travail (droits et devoirs de chaque partie prenante d'un contrat de travail), l'utilisation des techniques d'attaque/défense du salarié (instances syndicales, inspection du travail, CHSCT,...),l'évitement des risques psychosociaux en milieu professionnel,...

Ceinture trop rouge pour l'UIMM ?

Hervé Thiébaut : Il s'agit d'un débat très intéressant !

La question de l’insertion professionnelle en formation initiale renvoie souvent sur le terrain, à la question de l’insertion sociale.

Mais l’insertion sociale par rapport à quoi ? Par rapport à qui ?

La formule elle-même est très chargée.

C’est en même temps tout le problème de ce que l’on appelle « la formation professionnelle ».

Si la formation professionnelle n’intègre pas la dimension « culture générale », on risque toujours les défauts pointés de manière très explicite par Jean-Michel.

Aujourd’hui, le débat est (un peu) perdu de vue parce que le mot « formation » est à la mode.

Cela n’empêche pas qu’on trouve dans la presse des articles qui soulignent que les sciences humaines ou la philosophie sont importantes pour les entreprises.



De temps à autre, il est même indiqué que les profils d’étudiants en provenance de ces disciplines, sont recherchés par le monde de l’entreprise.

Un exemple issu d’un fait réel, pour illustrer ce propos.
Dans un garage, un véhicule est en panne. Les mécaniciens sont autour de celui-ci. Ils consacrent du temps à trouver l’origine de cette panne. Ils réalisent des tests et s’appuient sur leurs « savoir-faire » et leurs « compétences ».

Le véhicule part du garage et revient car le problème n’est pas résolu.

C’est l’échec.

Le professionnel qui analyse cet échec répond : « forcément ils n’ont pas respecté la procédure de diagnostic des pannes que l’on trouve dans tous les bons manuels. Au lieu de partir de l’étape 1, ils sont allés directement à l’étape suivante ! Il ne faut pas s’étonner d’un tel résultat.»

Celui qui analyse sa pratique fait remarquer : « avant de recourir au savoir professionnel, j’ai toujours intérêt à être en éveil, en « état » de me poser des questions. C’est parce que je suis

conscient de cela, que je cultive la curiosité de mon esprit, dans tous les domaines.

De cette façon je suis plus en situation de consolider mon expertise professionnelle. L’échec, je connais toujours mais je réduis sa probabilité. »

De mémoire, il s’agissait d’un problème technique élémentaire. Il était tellement évident que cela ne pouvait pas être cela que même l’étape 1, se poser des questions primaires et les traiter, n’avait pas été respectée.

Cultiver la curiosité de son esprit se réalise dans son environnement immédiat, à tout âge et plus ou moins.

Dans le secteur de la formation professionnelle,
« du CAP au diplôme d’ingénieur »…, en VAE…, avec le DIF…, en contrat ou en parcours de professionnalisation…, c’est indispensable.

C’est même un excellent levier pour intéresser les « apprenants ».


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L’apprentissage n’est pas uniquement un dispositif de formation…

Intervention publiée sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », décembre 2010


Source utilisée : http://www.dogfinance.com/fr/a rticle/apprentissage-nouvelle- priorite-gouvernement/804/

« Lors du dernier remaniement ministériel en Novembre 2010, la sphère étudiante avait vu d’un très bon œil la création du secrétariat d’état à
l’apprentissage, confié à Nadine Morano. Il s’agissait là signe tangible du regain d’intérêt du gouvernement pour la formation des jeunes, dont le taux de chômage à la fin des études a rarement été aussi élevé. Ils doivent ainsi être nombreux à regretter que ce secrétariat d’état n’ait pas été crée plus tôt, tant pour parfaire une formation diplômante qui laisse parfois peu de place à l’expérience du terrain, que pour faire pression auprès des instituts scolaires ou des entreprises frileuses quant à la signature de ces contrats.

Les mauvaises langues diront qu’il s’agit simplement de préparer le terrain avant l’élection présidentielle de
2012. En effet, les jeunes constituent un vivier de voix significatif et la danse du ventre des politiques commencera incessamment sous peu pour séduire les plus indécis.

Néanmoins, au-delà de l’aspect purement tactique, ce retour vers l’apprentissage est une bonne chose tant pour la formation étudiante que pour l’économie du pays. Il est déjà important de souligner que les contrats d’apprentissage et de professionnalisation sont toujours aussi populaires auprès des dirigeants d’entreprises. En effet, cette année,
370 000 formations en alternance ont été négociées ; c’est plus que l’an dernier, signe que la crise n’a pas affecté le recrutement des jeunes apprentis.

Il faut dire que le gouvernement y était déjà pour beaucoup : le dispositif « zéro charge » et même l’octroi de prime en cas de recrutements d’élèves en formation alternée, avait fortement encouragé les entreprises à puiser dans le vivier étudiant. Statut bien plus enviable que celui de stagiaire, l’apprenti, fait partie intégrante de l’entreprise (puisqu’il en est salarié) et se voit généralement confié des missions biens plus intéressantes.Par ailleurs sachant pertinemment que la proposition d’un CDI à la fin des ses études est bien plus probable que s’il avait suivi

une formation classique, il n’hésite pas à donner le meilleur de lui-même. Enfin, la connaissance du terrain que lui délivre son tuteur permet d’affiner sa formation : lors de son arrivée sur le marché du travail, l’étudiant aura de vrais atouts à faire valoir et sera pris bien plus au sérieux par les recruteurs.

Néanmoins, ce dispositif spécial avait été mis en place justement pour inciter les entreprises à recruter des apprentis dans une période où le marché de l’emploi était en berne. Cette mesure prendra fin en décembre
2010. Du coup, on assiste à une nette accélération de contrats en cette fin d’année, laissant craindre un calme plat en début d’année prochaine et donc une hausse du chômage des jeunes.

Sentant venir le problème, Nadine Morano a entamé des négociations avec les partenaires pour éventuellement prolonger cette mesure, ou au moins ne pas y mettre si brutalement. Cet activisme gouvernemental va même plus loin.Les entreprises ayant le plus recours aux formations alternantes sont celles de moins de 50 employés. Elles concentrent à elles seules près de 80% des recrutements. Auprès de celles de moins de 250 employés, ce taux tombe à 8% et atteint péniblement les 5% pour celles de moins de
1000 employés. Ainsi, la ministre chercherait à mettre en place un système de quotas plus performant permettant aux étudiants de signer leurs contrats d’apprentissage ou de professionnalisation auprès d’entreprises dont la taille est plus significative.

S’il faut impérativement conserver à l’esprit qu’il s’agit de parfaire la formation des étudiants, leurs ouvrir les portes des grandes entreprises est une très bonne chose. L’environnement, très souvent tourné à l’international, n’est pas du tout le même et l’envergure des missions permettra de donner beaucoup plus d’assurance aux jeunes diplômés. Néanmoins, il faut aussi conserver à l’esprit que la signature d’un contrat implique l’accord des deux parties. Si aujourd’hui les grandes entreprises n’ont pas plus recours que cela aux profils alternants, c’est surement qu’elles n’en ont pas besoin. Leur imposer de nouvelles recrues, sans aller jusqu’à mettre en péril leur modèle économique pourrait être préjudiciable à leur équilibre interne. Il ne s’agit pas non plus de favoriser l’alternance pour gonfler les statistiques. Tout le monde doit y trouver son avantage n’en déplaise au calcul politique des dirigeants de notre pays. »


Alexandre H., étudiant : J’ai besoin de votre avis sur cet article que je trouve un peu parti pris. Mais enfin bon, si le gouvernement a enfin décidé de se recentrer sur l'avenir tant mieux.

Dommage qu'on n'associe pas plus les jeunes à ces discussions....

Hervé Thiébaut: Lorsque l'on parle d'apprentissage aujourd'hui, il faut effectivement avoir à l'esprit que c'est d'abord et avant tout... un contrat de travail. Un CDD un peu particulier.

Dans une économie de marché, cela signifie par conséquent qu'un chef d'entreprise a "naturellement" tendance à considérer un apprenti potentiel ou déjà présent dans son entreprise, comme un salarié.

"Je prends" / "je prends pas" ?...

Si l'on parle de grandes entreprises ou de grands groupes,... qui plus est !

La GPEC et/ou les contraintes de la "financiarisation" de l'économie mondiale banalise(nt) plus encore les contrats d'apprentissage.

Ce qui est à regretter en revanche, c'est que l'apprentissage au sens historique du terme, c’est bien plus qu'un simple "dispositif de formation".

Il renvoie à un mode de vie, à un rapport aux autres, à des valeurs sociales et humaines, critiquables ou non (cf. les corporations par exemple).

Il socialise les hommes, dans le monde du travail, comme dans la vie de tous les jours.

On ne le voit pas suffisamment aujourd'hui et cela n'est pas suffisamment exprimé.

Du même coup, l'approche gouvernementale est à l'image de cette "perte de sens". "On" veut développer l'apprentissage, mais "on" pense surtout à développer une filière de formation, pire encore à "revaloriser" l'image de cette filière...

C'est un contre-sens historique !

Pour avoir travaillé dans un centre de formation par l'apprentissage en région parisienne (Villiers le Bel, Sarcelles, Garges,...), je sais tout l'intérêt de "marcher à l'endroit"...

Ainsi, en appréhendant les formations de niveau V, comme devant être reliées à des projets professionnels, qui sont tout autant des projets de vie, on peut s'appuyer sur les relations sociales et humaines qui structurent TOUTES les populations.

Un seul exemple : un conseil de discipline en présence de la grande sœur ou de l'oncle...

Là on fait du bon "boulot" !

Du côté de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur, il y a plusieurs intérêts à rappeler et/ou à imposer ce surcroît de sens.

Un seul exemple là encore : la perception du monde du travail par les jeunes générations d'actifs.

Pourquoi les entreprises ont-elles parfois du mal à garder leurs jeunes salariés ?...

Si l'on donnait envie plus encore EN AMONT, si l'on s'ouvrait plus encore vers l'Autre et développait autre chose que de la culture de la performance et de la culture du diplôme...

Développer l'apprentissage au XXIème siècle, c'est œuvrer en faveur de têtes bien faites, plutôt que...

Fin du propos impertinent...


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25% des apprentis ne vont pas au bout de leur cursus

Interventions publiées sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », janvier 2011

Jean-Yves L’Anton est rédacteur (journaliste) au sein de l'Association territoriale d'information « ASSPRO », structure spécialisée dans l'information sur l'emploi, la formation, l'insertion et la création d'entreprise. Cette association anime deux sites Internet : http://www.agence-asspro.org et www.portail-formation.fr

Mohammed ZMAIMITA est gérant et formateur consultant. Il anime le site Internet http://www.formconsulting.org.



Hervé Thiébaut : Jean- Yves, pouvez-nous nous présenter l’enquête récente, consacrée aux ruptures des contrats d’apprentissage ?

Jean-Yves L’Anton : L'Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie) AFCI vient de réaliser,avec le soutien du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (DGCIS), une enquête auprès de 800 entreprises et de 800 jeunes concernant l’ensemble de l’offre française de formation en apprentissage.

Sur 300 000 contrats signés chaque année au plan national, près de 25 % sont rompus, aussi bien à l’initiative des jeunes que des entreprises. Toutes les entreprises, quelles que soient leur taille et leur activité, sont confrontées à ce problème. La majorité des ruptures se produit dans les plus petites entreprises.

L’analyse des motifs de rupture montre en particulier des attentes assez divergentes entre les jeunes et les entreprises d’accueil, écarts souvent à l’origine de malentendus et de difficultés relationnelles. Selon les entreprises interrogées, 16 % des ruptures ont eu lieu au cours de la «période d’essai» et 79 % relèvent d’un commun accord. En grande majorité, l’initiative a été prise par le jeune. Selon les jeunes (62 %), il n’y a pas eu d’échanges avec l’entreprise (ou avec le CFA) pour éviter cette séparation. Les entreprises interrogées ne partagent pas cette position puisque deux tiers d’entre elles déclarent avoir tenté, avec le jeune, d’éviter la rupture de contrat. Cette divergence s’explique certainement par le fait que l’entretien n’a pas toujours été formalisé.

Dans leur grande majorité, jeunes et entreprises estiment ne pas avoir bénéficié d’une aide extérieure pour éviter la rupture. Quand il y a eu une médiation (18 %), elle a principalement été faite par le CFA.

Hervé Thiébaut : C'est l'occasion en passant... de rappeler que la pédagogie de l'alternance et celle de la formation par l'apprentissage en particulier, constituent un mixte imparfait de la formation par le compagnonnage issu du Moyen- âge et de l’éducation par l’Ecole, modèle porté notamment sous la IIIème République.

C’est ainsi toute la difficulté de ce dispositif sous sa forme actuelle, difficulté que l’on repère au moment où l’on constate l’importance des ruptures des contrats d’apprentissage.

Théoriquement « on » est autant formé en entreprise qu’en centre de formation.

Mais…

Quand « je » suis en entreprise, j’apprends le métier en… travaillant, et quand « je » suis au centre de formation, j’acquiers un bagage nécessaire à l’exercice de mon futur métier (dans « l’enseignement général » comme dans « l’enseignement professionnel »).

En définitive, « je » ne suis jamais véritablement formé au métier…

En entreprise, le fil est trop ténu : je suis vite pris par les contraintes du monde du travail et celles de l’entreprise qui m’emploie.

En centre de formation (pour ne pas dire à l’école…),l’environnement professionnel est insuffisamment présent car les centres de formation ont été pensés à partir du modèle de l’enseignement (cf. organisation et fonctionnement).

Comme l’apprentissage est mieux apprécié par les employeurs que des formations ne proposant que quelques semaines de stage en entreprise (formations avec un statut scolaire), on préfère s’en tenir aux statistiques nationales concernant la valeur sociale de l’apprentissage dans le dispositif général de l’insertion professionnelle.

C’est dommage : la réflexion et l’action pédagogiques y perdent, la qualité s'en ressent.

Je précise que j’ai volontairement accentué le trait car la réalité du terrain est plus complexe et les résultats moins schématiques.



Mohammed ZMAIMITA : J’ai beaucoup apprécié vos constatations et remarques bien franches. Toutes les vérités ne sont-elles pas bonnes à dire ? Je suis contre cette citation, quand il faut améliorer, changer certaines maladresses (peut être), commises par innocence.

L'apprentissage par alternance

Ce type d’apprentissage est d’une grande importance quand les efforts et les intérêts sont conjugués de la part de tous les acteurs.

1- Le centre ou l’établissement de formation, par la gestion de ce type de formation et les procédures nécessaires,

2- Le formateur principal, par l’explication des objectifs et l’intérêt de ce mode de formation, l’encadrement et le suivi,

3- L’apprenant, par l’intérêt qu’il porte à sa formation (motivation), son engagement à mieux adhérer à la structure d’accueil et son degré de curiosité à chercher les nouvelles compétences, les comprendre pour mieux les pratiquer afin de les faire partie intégrante de son savoir-faire maitrisable,

4- L’entreprise, par l’intérêt qu’elle accorde à ce genre d’apprenants à travers l’accueil, l’encadrement, la formation du tuteur, la disponibilité de celui-ci et la stimulation à travers des encouragements selon les efforts et le rendement des apprenants (stagiaires).

Les deux entités doivent accorder de l’importance à ce mode, à travers des réunions de suivi et d’évaluation continus.

L’apprentissage en alternance « DUAL » revêt un grand intérêt pour tous les niveaux de formation,

de l’ouvrier au cadre supérieur. Quand les apprenants ou étudiants bénéficient de ce mode de formation, quand ils trouvent les circonstances favorables pour développer les compétences pratiques nécessaires et spécifiques à leur profil, il leur est facile de s’insérer dans le marché d’emploi.

Ce mode de formation s’impose encore plus par son efficacité.

Conditions de la réussite

a- Affinage du cahier des charges ou du contrat d’apprentissage,
b- Engagement des entreprises au respect du dit contrat ou cahier de charges,

c- Adaptation des méthodes pédagogiques adéquates par les encadrants et dans les deux lieux de formation et stage (établissement et entreprise).

J’ajoute qu’il faut s’assurer que ces stagiaires ne sont pas une offre de main d’œuvre gratuite ou à bas coût pour les entreprises non citoyennes.

Hervé Thiébaut : Votre commentaire est très riche et synthétise bien le dispositif en question.

Je reste cependant convaincu que la formation par l'alternance et plus particulièrement par l'apprentissage reste marquée par une construction mal maîtrisée à l'origine.

Il y aurait plus d'efficacité encore si l'on élaborait un "projet" plus cohérent.

Il s'agit peut-être d'une utopie...


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Projet d’entreprise, avenir de la formation pour adultes…

Intervention publiée sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », décembre 2010


Hervé Thiébaut : Nadia, quelle est la question qui vous préoccupe ?

Nadia S. : Je souhaiterai savoir ce que vous pensez de l'avenir de la formation professionnelle pour adultes aujourd'hui.

Nous sommes d'accord pour dire que c'est essentiel, mais...

En réalité, j'effectue une étude de marché pour me lancer à mon compte (…) et pour travailler avec diverses structures, comme l’AFPA, les GRETA, et les autres, moins "institutionnelles".

Qu'en pensez-vous ?

Est-ce opportun ou bien y a-t-il déjà trop de monde sur la place au niveau national ? Je regarde aussi sur le plan local bien sûr. Je vous remercie pour votre réflexion qui me ferait avancer.

Hervé Thiébaut : S’agissant de l'avenir de la formation professionnelle pour adultes, voici quelques éléments qui me viennent à l'esprit.

La formation professionnelle est un secteur important (environ 30 Milliards d'euros); complexe (procédures administratives et financières) ; très hétérogène (public / privé ; taille des structures ; positionnement ; modalités pratiques ; histoire,...) et...

Souvent critiqué (efficacité ; modes de fonctionnement).

Par ailleurs... c'est un secteur au cœur de l'actualité !

- projets professionnels, parcours de formation,

- formation tout au long de la vie,

- droit individuel à la formation, validation des acquis de l’expérience, contrat et parcours de professionnalisation,

- formations par l'alternance,

- "l'apprenant au cœur de la pédagogie", "acteur de sa formation",

Il y a donc de quoi faire... d'autant plus que 40
% du chiffre d'affaire dans ce secteur est assuré par des entreprises qui ne se référencent pas "organismes de formation" (cf. le code APE) !

...et ce ne sont pas les moins efficaces, sur le plan de la qualité des prestations.

Ah ! J'oubliais :

Tout le monde fait de la pédagogie individualisée, propose et assure des réponses "sur-mesure"...

...et nous avons tout inventé... depuis peu !

"Le monde sur la place"

Là encore, je vous propose deux ou trois éléments de cadrage.

- La réponse doit être classique : face à la cible /
à mes cibles, j’ai deux interrogations :

1 - y a-t-il des besoins ? Exprimés ? A exprimer ? L'offre aussi peut créer la demande...

2 - quelles sont les réponses actuelles ?

- En fonction de cette double interrogation :

1 - Je fonce...

CQFD : je construis mon offre (ma réponse). Par exemple, je choisis une niche.

2 - Je réfléchis...

CQFD : la fameuse étude de marché demande plus d'attention...

3 - Je pense à autre chose...

CQFD : tout compte fait, un seul métier c'est... suffisant !




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La formation aux emplois verts et environnementaux : une inquiétude passagère ?

Intervention publiée sur le hub de Viadeo « Formation professionnelle et apprentissage », janvier 2011


ACTU-ENVIRONNEMENT nous fait part des résultats d'une enquête consacrée à "l'emploi environnemental" et à la formation liée à ce type d'emplois.

Cette analyse est très intéressante car elle nous éclaire une nouvelle fois sur les pratiques du marché de l'éducation et de la formation.

http://www.actu- environnement.com/ae/news/emplois-vert- ralentis-staitstiques-soes-11703.php4#xtor=ES-6

Malgré la crise, le Service d'observation et statistiques (SOeS) du Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement (MEDDTL) constate que les secteurs d'activité environnementale sont "moins sensibles à la dégradation de la conjoncture" en 2009.

Ce qui est plus gênant c'est que les formations aux emplois environnementaux ont le vent en poupe, mais que les débouchés ne suivent pas la même croissance.

"À la rentrée 2007-2008, 50.000 élèves et étudiants étaient inscrits en dernière année des formations initiales en environnement allant du CAP au master, alors qu'ils étaient 10.700 en
2004."

Dans le même temps il est relevé une trop grande spécialisation dans les formations, par rapport aux besoins des entreprises, à "la réalité du marché"...

"69 % accèdent à un emploi, soit rapidement et durablement soit de manière différée, contre 72
% pour l'ensemble des formations."


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En langage direct, le secteur de l'éducation et de la formation est très réactif pour se positionner sur ce nouveau marché et il capte de fait un public nombreux.

Mais...

il se sert encore trop aujourd'hui de la dynamique verte et environnementale, pour assurer son développement à court terme, au lieu de s'appuyer sur un diagnostic des besoins, à la fois général et précis, diagnostic à partir duquel il se positionne, oriente et adapte ses activités.

Les risques sont les suivants :

- échecs de l'insertion sociale et professionnelle,

- besoins du marché de l'emploi non satisfaits.

En 2009, j'étais déjà convaincu qu'il fallait s'exprimer avec une dynamique d'entreprise, dans le cadre d'une mission de service public.

C'est dire la difficulté actuelle...


Hervé Thiébaut - Formation et Développement – Membre du réseau des consultants Ad’missions
Ad’missions - S.A.S. au capital de 150 000 euros – RCS Nanterre B 412 383 234
Prestataire de formation enregistré sous le numéro 11 92 09945 92
10, rue des Vieux Moulins 17170 Cram-Chaban – Tél. : 06 72 26 13 43 - hthiebaut@club.lemonde.fr

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